Le Liban a toujours occupé à l' 'intérieur du Proche et du Moyen-Orient une place originale, en raison de sa diversité humaine et de ses liens privilégiés avec l'Occident. Aussi a-t-il longtemps joué un rôle important, sans rapport avec son poids démographique (environ 4 millions d'habitants au début des années 1996) et ses dimensions restreintes (10 400 km2, soit approximativement la superficie d'un grand département français). Au cours des siècles, le Liban a été une « montagne refuge », ce qui explique la mosaïque confessionnelle actuelle et le pluralisme culturel.
Ce pays, qui fut longtemps la seule démocratie parlementaire de l'Orient arabe, a connu jusqu'en 1975 une incontestable prospérité, bien qu'inégalement répartie. Grace au dynamisme de ses entrepreneurs et au développement d'une économie de services, le Liban était devenu le principal relais entre les pays du monde capitaliste et le reste du Proche et du Moyen-Orient. Les clichés habituels, d'ailleurs un peu excessifs, qui vantaient « le miracle libanais » ou « la Suisse du Proche-Orient » ne sont plus de mise, car, depuis 1975, le Liban traverse une crise très profonde qui remet en question son identité même.
À l'intérieur d'un Orient arabe toujours en ébullition, le Liban est sans conteste le pays qui a connu, depuis 1975, les bouleversements les plus impressionnants, sous l'effet d'un conflit très complexe aux rebondissements incessants, par suite des multiples dimensions (nationale, régionale et internationale) de la crise qu'il traverse. Quinze ans de guerre ont vu ainsi se succéder toutes les formes d'affrontements internes, entre communautés et à l'intérieur des communautés, dans lesquels sont intervenus directement ou indirectement les principaux acteurs régionaux (les Palestiniens, Israël, la Syrie), sans oublier le jeu des grandes puissances. Les infrastructures ont été détruites, et près d'un quart de la population a émigré.