(E2) Les hommes pensent que cet enfant qui vient de périr est tombé dans l'eau par hasard, que c'est par un même hasard que cette maison est brûlee: (E3) mais il n'y a point de hasard; tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance (E4) Faible mortel, cesse de disputer contre ce qu'il faut adorer.
(E5) Mais, dit Zadig
Comme il disait mais, l'ange prenait déjà son vol vers la dixième sphère. Zadig, à genoux, adora la Providence, et se soumit. L'ange lui cria du haut des airs:
(E6) Prend ton chemin vers Babylone.»
(Voltaire, Zadig)
La conversation s'ouvre brusquement par l'introduction du thème qui anticipe un conflit entre l'émetteur et le récepteur sur les valeurs de base: la foi religieuse. L'ange résout le conflit d'une manière impersonnelle: il utilise des mots tels: tout, les hommes. Le mot tout est une préséquence pour la séquance de base (E3). Par deux verdicts (Austin): (E1) - verdict basé sur l'évidence et (E3), ml'ange exige de Zadig un acte promisif: rester dans un état, faire quelque chose (cesse de disputer) pour quelqu'un (pour la Providence). (E1) et (E2) sont des préséquences-arguments pour la séquence de base: il n'y a point de hasard; tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance. (E2) est la prémisse, (E1) est l'argument et (E3) est la conclusion. Par le sujet du débat, l'ange réalise une communication persuasive et la modalité utilisée est l'éthos: avant qu'il eût communiqué, l'ange a perçu l'auditoire et la manière dont il sera perçu. L'organisation du discours influence d'une manière indirecte le pathos. Les facteurs de la crédibilité sont: la qualification et l'expérience de l'ange, le dynamisme et la vérité du sujet. L'ange utilise un procédé sémantique de la vérité: il montre ce qui est faux (Les hommes pensent que cet enfant qui vient de périr est tombé dans l'eau par hasard, que c'est par un même hasard que cette maison est brûlee) et par le connecteur mais il montre ce qui est vrai: (E3), (E1). La vérité est perçue par les sens: Tout ce que tu vois. .Outre les arguments à une seule facette (E1), à double facette (E2), (E3), l'ange apporte des preuves ausii: l'enfant noyé, la maisonm brûlee. En employant l'induction, à partir des élements particuliers (l'enfant, la maison), l'ange desire que Zadig arrive à la conclusion implicite: tout est déterminé par Dieu. Cette conclusion (E1) a de la force argumentative, même si Zadig semble chercher un contreargument. (E3) - la cible argumentative - oriente l'argumentation. Il n'y a point de hasard en indiquant à Zadig un principe de vie, une attitude cognitive (la découverte du Dieu), en determinant la modification de l'etat psychologique de l'interlocuteur.
Le cadre de la conversation est formel, la relation est assymétrique: par le statut de représentant du Dieu, l'ange a le pouvoir, a un comportement dominateur (il donne des ordres: cesse de disputer, prend ton chemin). Par son attitude de pression, il fait preuve de supérieurité et de responsabilité: (E4), (E6). Après deux représentatives (Searle) - au biais de (E1) et (E3) la réalité soit reproduite d'une manière adéquate -, on observe deux directives ou décrets - (E4), (E6) - qui exprime la démande impérieuse de l'ange. Après une constatation (faible mortel), la Providence veut de Zadig un geste-déclaration qui réalise la correspondence entre le contenu propositionnel (E4) et la réalite, en présence d'une réalite extralinguistique, l'Église.
La suite d'énoncés (E1)- (E4) et l'énoncé (E6) respectent le principe de la sincérité: l'ange adhère à ses mots. Les informations sont nécessaires (le principe de l'information) et de la plus grande importance (le principe de l'exhaustivité). La maxime de la modalité eest respectée, l'expression est claire, précise, mais on ne peut pas dire la même chose sur la maxime de la quantité p0arce l'information n'est pas concise: (E4) est précédé par (E1), (E2), (E3), le texte abonde en informations et en hypothèses implicites: (E1), (E2), (E3), (E4). Étant donnée la fonction de persuasion, l'ange tombe en une éloquence emphatique: par l'emploi des mots solennels (Providence, Babylone) il donne une note de pathétisme au discours.